LA PUBLICATION DES ÉLUS VERTS - ANCIEN ÉDITORIAL BREST OUVERT 39

Inadmissibles marées noires !

 

Les côtes atlantiques sont souillées. La Bretagne l’avait déjà été en mars 1967 (Torrey Canyon, en janvier 1976 (Olympic Bravery), en octobre 1976 (Boelhen), en mars 1978 (Amoco Cadiz), en avril 1979 (Gino) et en mars 1980 (Tanio). Nous sommes pourtant toujours désarmés pour faire face à ce type de catastrophe :est-ce vraiment une fatalité ? certes l’homme n’est rien face à une tempête ou à un cataclysme naturel. La force des éléments vient aussi périodiquement nous donner de cuisantes leçons d’humilité. Mais, dans le cas du naufrage de l’Erika, ce n’est pas là que se situe le problème.
Si de tels accidents ont lieu, c’est d’abord à cause des négriers des temps modernes. de grandes compagnies qui exploitent - dans tous les sens du terme - les navires battant pavillon de complaisance et leurs équipages. or, la prolifération de ces navires vient de la crise de la marine marchande, survenue il y a un e vingtaine d’années et au cours de laquelle l’État français a capitulé face au capitalisme international; la marine marchande française, composée en grande partie de bretons, a alors disparu.
Si un tel accident s’est à nouveau produit au large de nos côtes, c’est que l’État n’a pas su assurer leur sécurité. les normes exigées des navires qui longent nos côtes sont-elles suffisantes? est-il raisonnable de laisser des pétroliers à coque simple, âgés de plus de 20 ans, longer la Bretagne? quelles que soient les normes exigées, qu’est-ce qui garantit vraiment qu’elles soient vraiment respectées? Que valent les contrôles techniques effectués sur les navires battant pavillon de complaisance ? Enfin, les moyens de surveillance en mer sont-ils suffisants ?
Cette nouvelle pollution engage aussi la responsabilité de l’État. l’équipage de l’Abeille-Flandre a montré son courage et son efficience. Mais y-a-t-il suffisamment de remorqueurs de haute mer en Bretagne? Les moyens de lutte contre la pollution ne sont-ils pas demeurés les mêmes qu’il y a vingt ans ?Les boudins flottants n’ont-ils pas fait preuve de leur inefficacité? Les navires français de pompage de mazout ne sont-ils pas trop peu nombreux et insuffisamment performants? Et, comment, ne pas être effarés d’apprendre que, à la Rochelle, on manque de capacité de stockage pour le;pétrole pompé parce que les cuves de stockage sont... toujours pleines du pétrole de l’Amoco Cadiz.?
Nous sommes nombreux à être indignés et à éprouver un sentiment mêler de dégoût et de colère. mais les sentiments ne suffisent pas. Il faut penser "globalement et agir localement". Le premier problème est mondial : c’est celui des grandes entreprises transnationales qui agissent sans frein et face auxquelles les États sont souvent impuissants. Il faut aller vers la création d’institutions démocratiques mondiale, qui contrôlent ces firmes. En attendant les citoyens que nous sommes peuvent et doivent concrétiser leur colère. Je me joins à l’appel à boycotter Total.
Le second problème est celui de l’État français, de son absence de politique maritime et de son fonctionnement centralisé. Si les Régions disposaient de moyens politiques, législatifs et financiers puissants - bref, d’une large autonomie régionale -, comme c’est le cas en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Grande-Bretagne en Italie ou bien encore en Suisse, elles seraient dans de nombreux domaines beaucoup plus efficaces que ne l’est aujourd’hui l’État. Au niveau européen existe ce que l’on appelle le principe de subsidiarité. Il consiste à limiter les pouvoirs de l’échelon supérieur à ce que l’échelon inférieur ne peut pas lui même. Il est temps d’appliquer ce principe en France.

Ronan Le Coadic

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