LA PUBLICATION DES ÉLUS VERTS - ANCIEN ÉDITORIAL BREST OUVERT 42
AMOCO CADIZ, TANIO, ERIKA
MARÉES NOIRES, MARÉES VERTES.
Toute la population maritime,
littorale ou côtière, est concernée : pêcheurs, conchyliculteurs,
plaisanciers, activités de tourisme et de loisirs côtiers, nautisme,
hôtellerie et restauration…
Des
colloques, tables rondes, forums, sont organisés dans tous les secteurs,
dans tous les lieux. Préfecture maritime, chercheurs, scientifiques,
associations ; élus, organisations professionnelles, partis politiques.
Tous les cercles s’activent dans leur sphères d’influences. Des propositions
pour un transport maritime plus sûr dont avancées, et tout le monde
attend beaucoup de la présidence française de la Communauté
Européenne.
Comme le disait déjà
Monsieur Martray, co-fondateur du CELIB, dans sa préface du dossier "POUR
UNE CHAMBRE RÉGIONALE DE LA MER ", "c’est à l’occasion
des catastrophes comme celle de l’AMOCO CADIZ, que la convergence des intérêts
maritimes apparaît en quelque sorte par l’absurde puisque tout ce qui
dépend de la mer se trouve alors atteint ".
Cette effervescence,
cette richesse d’énergies sont tout à fait positives et vivantes,
mais elles ont déjà existé à l’époque de
la catastrophe de l’AMOCO CADIZ. Les revendications sont à peu près
les mêmes ; gardes côtes, double coque, amélioration de la
surveillance, séparation de trafic, les manifestations sont les mêmes,
" POLLUEURS PAYEURS ", " PLUS JAMAIS CA "..
Mais, mis à
part le rail d’Ouessant, et une réglementation plus dure aux bons soins
de la Commission européenne, quoi de neuf sous le soleil, au niveau national
ou régional dans la prévention littorale et côtière.
Que remarque t’on
?
Aujourd’hui, comme
hier, il n’y a pas d’interlocuteur unique pour les problèmes maritimes.
Les responsabilités sont diluées au sein de plusieurs administrations.
Les circuits d’autorité et de décision sont d’une complexité
telle, que même le Conseil Économique et Social relève dans
son rapport, le manque de suivi, d’organisation des plans de lutte. Chaque catégorie
d’usagers se tourne alors vers son organisation qui emprunte ses propres chemins
de traverse pour défendre ses bons droits. De fait, tout le monde se
mobilise dans sa propre filière pour un résultat logiquement tourné
plus vers l’indemnisation que vers des revendications de prévention et
d’intérêt général. C’est plus simple et plus tangible.
Mais, si la somme des intérêts catégoriels est partie de
l’intérêt général , ce n’est pas tout l’intérêt
général.
De fait la dimension
maritime est sous estimée. Mais cela on le savait déjà.
Le Conseil Général du Finistère a supprimé sa commission
Mer il y a quelques années, le Groupe Mer inexistant du Conseil Régional
est dans un profond sommeil, le Secrétariat interministériel de
la Mer s’est sans doute réuni une ou deux fois au regard de l’importance
des dégâts, sans apporter rien de plus. A aucun niveau, il n’y
a d’interlocuteur institutionnel bien identifié.
Quelles sont les propositions
d'organisation?
Au niveau national
: un ministère de la Mer
Le Conseil économique
et Social souhaite donc dans son rapport (mars 2000) la mise en place d’un ministère
de la Mer. A ce sujet, deux choses. Après la disparition du dit ministère
LE PENSEC, l’administration centrale a sorti le rapport " DUJARDIN "
du nom de son auteur, qui déniait tout intérêt à
une telle institution au regard entre autres d'une non spécificité
du milieu maritime!. Par ailleurs, les organisations professionnelles Pêches
et Conchyliculture souhaitaient et semblent souhaiter encore un rattachement
à un ministère plus puissant tel que celui de l’Agriculture ainsi
que cela se passe dans nombre de pays européens. C’est à la suite
du Rapport DUJARDIN , que fut créé le Secrétariat interministériel
de la Mer alibi, car on se rendait compte néanmoins d’une nécessaire
collaboration transversale.
Il apparaît
qu"au niveau national, rien n’a évolué. D’ailleurs au niveau européen,
il n’existe pas non plus de commission maritime spécifique. Ce n’est
donc pas pour aujourd’hui !!!.
Au niveau régional,
une association interrégionale
Face à la catastrophe,
alors que son Groupe Mer disparaît corps et biens, la région Bretagne
propose de constituer une association entre les trois régions (Bretagne,
Pays de Loire, Poitou Charente) pour suivre, sans doute vérifier les
rapports sur le naufrage, et partir à la reconquête d’un littoral
propre et touristique. Les trois présidents de région ne se sont
même pas rendus compte qu’il y a plus de douze ans, ils avaient déjà
créé l’AGLIA
( Association du Grand
Littoral Atlantique), présidée par l’un d’eux, dans le but de
rechercher des fonds européens pour l’économie maritime et l’environnement
côtier. Il est vrai qu’aujourd’hui il faut aller chercher les fonds FIPOL..
Cette proposition de circonstance n’a comme objectif que d’organiser une campagne
de promotion médiatique du littoral. Utile sans doute , mais les comités
régionaux du tourisme,C.T.R., auraient aussi très bien fait l’affaire.
De fait, ces régions
négligent ou sont incapables au sein même de leur territoire de
constituer leur propre organisme maritime, ou d’aider les initiatives locales
de leurs citoyens. Or une inter-régionalité maritime ne peut fonctionner
que si les régions maritimes concernées ont déjà
pris conscience de leurs propres capacités ou possèdent déjà
leur propres institutions ad hoc..
Des initiatives locales
intéressantes.
Suite aux appels à
la solidarité littorale, des propositions sont apparues dès le
mois de décembre 99, dans les médias. Telle la proposition de
la cellule du Guilvinec relative au besoin d'une organisation globale régionale
des professionnels de la Mer, du parti socialiste relative à la constitution
d’un Syndicat mixte entre collectivités littorales de Bretagne, - Départements
et Région - ou encore, du Syndicat Amoco Cadiz qui lors de sa dernière
Assemblée Générale (1999) souhaite s’ouvrir aux professionnels
de la Mer et du tourisme côtier, aux riverains, aux scientifiques et aux
associations de protection de la mer, ou enfin celle de la constitution d’une
structure syndicale maritime " la confédération maritime
"...
Il existe pourtant
ailleurs de nombreux exemples d'organisation régionale maritime :
- dans plusieurs autres
régions maritimes françaises ont été mis en place
des organismes permanents de suivi des activités maritimes littorales
et côtières. Les exemples ne manquent pas : Observatoire de l’environnement
et du développement littoral et côtier dans la Région Nord
Pas de Calais, CEPRALMAR dans la région Languedoc Roussillon, PROFIMER
dans la région PACA. AGLIA dans la région Poitou Charente (de
fait les autre régions ne s’y investissent plus). En Bretagne, une proposition
de création d’une Chambre Régionale de la Mer a été
soumise au Conseil Régional depuis près de 8 ans.. Ce pré-projet
a reçu le soutien de nombreuses personnalités (dossier complet
auprès du Groupement Maritime de la Baie de Douarnenez), mais le Conseil
Régional n’a pas souhaité donné suite jusqu'à ce
jour.
Quelles sont les interrogations
sur la Chambre Régionale de la Mer?
Il y a assez d'organismes!
Pourquoi un organisme de plus ? Pourtant, dans le rapport de mission littorale
du Vice Président du Conseil Régional ( Mr Bonnot) il y a aussi
9 proposition d’organismes nouveaux pour le secteur maritime mais…toutes au
niveau national.. Les régions de l’Atlantique viennent de créer
une nouvelle association en raison de l’ERIKA sans se poser la question des
organismes préexistants. De fait, le problème est qu’il n’y a,
à aucun niveau, un lieu de rencontre et d’actions collectives de tous
les usagers de la mer, et particulièrement en Bretagne.(1ère région
maritime). C’est sans doute la raison pour laquelle les SMVM, les contrats de
Rade, de Baie ont tellement de mal à surnager. Il est vrai que ces organismes
de suivi pourraient être institués à un niveau plus local
des " Pays Maritimes " comme pour les pays touristiques. Mais une
coordination régionale est néanmoins nécessaire comme il
existe d’ailleurs une Fédération des Pays Touristiques ou un C.R.T.
En général,
la proposition apparaît comme un idée intéressante, mais
les corporatismes sont très forts (voir compte rendus du Conseil Régional,
séances 93-94). C’est ainsi que l’on rétorque également
que la création d’une chambre consulaire est du ressort législatif
(mais si on lit le dossier, on sait que ce ne serait pas une Chambre Consulaire).
Il est vrai que l’appellation Chambre de la Mer peut faire illusion, mais elle
a été choisie pour son impact médiatique en raison du parallélisme
- (monde rural, chambre d’agriculture, monde marin, chambre de la mer). De fait
notre proposition juridique est associative, comme celle des observatoires économiques
ou environnementaux ou les Comités Régionaux du Tourisme .
La proposition de
la Chambre de la Mer est basée sur le respect des compétences
et activités des divers acteurs du monde littoral et marin, mais elle
tient compte aussi, d’une autre réalité: la nécessité
de préserver ce milieu marin et de le mettre en valeur dans le cadre
d’une responsabilité collective. Cette évolution est aujourd’hui
plus que nécessaire, les pollutions et difficultés marines sont
là pour nous le rappeler de plus en plus souvent. Sans doute la richesse
naturelle, les énergies et initiatives maritimes, les compétences
sont nombreuses tout au long du littoral de Bretagne, mais n’est il pas temps
de songer à mettre ces ressources en réseau afin de peser au niveau
national et international ?. L’émulation voire la concurrence locale
est bien évidemment un atout, mais au niveau européen que pèse
un port, un quartier maritime, une ville littorale de Bretagne?
La création
d’une fédération des activités et problématiques
maritimes nécessite aujourd’hui une concertation qui ne peut être
enclenchée que par une volonté politique régionale.
Bernard UGUEN
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