A leur échelle, les initiatives de l’économie solidaire tentent de répondre aux défis qui se posent à notre société aujourd’hui. Les dirigeants, élus par les citoyens , laissent conduire le "bateau monde" par l’économique et le financier fermant ainsi souvent les yeux sur les conséquences sociales qui en résultent. La recherche de profit à court terme remplace les projets de développement durable pour tous. Ainsi voit-on des droits fondamentaux se transformer en valeur marchande : la santé devenir une marchandise, l’agriculture, l’agro-alimentaire, la distribution viser le profit maximum et non, par des produits alimentaires sains, un environnement préservé,...etc.
Économie solidaire : quel espace ? quels défis ?
Le constat de l’exclusion
des personnes ou des territoires, les gaspillages de ressources, les dégâts
du productivisme, agricole notamment, amènent des femmes et des hommes
à vouloir se rassembler pour agir au plus près dans la proximité,
où ils vivent, pour restaurer les relations humaines. Ils croient à
la valeur de l’exemple comme pédagogie. A travers la participation des
habitants à la gestion de leurs quartiers, de leur communes, de leur
ville, la coproduction de services entre familles, particuliers et professionnels,
la sensibilisation des consommateurs sur les conditions de production et de
commercialisation des produits qu’ils achètent, l’implication des épargnants
dans l’utilisation de leur argent, etc.... Les initiatives de l’économie
solidaire s’appuient sur une mobilisation de la société civile
dans la productions de biens et de services dans l’approfondissement de la démocratie.
L’économie
solidaire en doit pas être une économie "balai" qui "ramasserait"
les laissés pour compte de la compétitivité, ni se confondre
avec d’autres formes d’économie comme l’économie "caritative"(substitution
de la sollicitude et de la bienveillance au droit) ou l’économie "informelle"
qui ne permet guère que la survie des plus défavorisés
sans leur permettre de reprendre pied dans la vie de la cité. L’économie
solidaire vise à créer et à recréer du lien social
ou le renforcer et à permettre aux citoyens d’être acteurs.
Économie solidaire
et économie sociale
Il y a des similitudes
entre les deux mais il est difficile de dire qu’elles partagent le même
sens de la solidarité. La solidarité des membres d’une coopérative
ou d’une mutuelle relève d’une mise en commun d’intérêts
légitimes à leur propre profit. Les fonctionnements de tels structures
réintroduisent souvent des inégalités par les jeux du pouvoir,
de compétence, d’organisation, le choix de moyens. Ainsi, peut-on mettre
sous le même chapeau la CAMIF ou le Crédit Mutuel et une régie
de quartiers ?
Avec la création
toute récente d’un secrétariat d’État à l’Économie
Solidaire confié au député vert Guy Hascoët, les consultations
régionales de l’Économie Sociale et Solidaire qui viennent d’avoir
lieu constituent une étape importante dans la construction d’un projet
cohérent pour sortir du face à face Etat-marché en introduisant
comme médiateur la société civile et pour relever des défis
actuels de notre société : "créer des activités
utiles et des emplois, inventer des formes collectives d’entreprises, retisser
les liens sociaux, investir le temps libéré dans une citoyenneté
active, permettre un développement durable des territoires, diffuser
l’innovations sociale".
En 1995, les Réseaux
"Synergies pour une économie solidaire et un développement
durable" avaient tracé la voie en proposant une charte. Une université
d’été " des acteurs de la Solidarité internationale
et de l’Économie solidaire" se tiendra du 2 au 6 juillet à
Chamrousse*.
Roger Abiven
* CIVILITÉS 34, 36 rue Bréguet 75011 Paris Tél : 0148052929
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