Les élu-e-s Vert-e-s - Interventions au Conseil de CUB

Brest, le 5 octobre 2001

 

Monsieur le Président,

Le rapport annuel 2000 sur le prix de la qualité du service public de l'eau potable ne varie pas beaucoup des précédents.
Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, on ne peut malheureusement pas trouver dans cette édition 2000 des signes prometteurs de reconquête réelle de la qualité, sutout en terme d'eaux brutes.

L'évolution des flux de nitrates dans l'Elorn observés au niveau de l'usine Pont ar bled reste préoccupante. 10 860 tonnes de nitrates y ont mesurés en l'an 2000, il y en avait eu 9012 tonnes en 1999 et 6798 tonnes en 1998. Le chiffre 2000 est le plus mauvais de tous ceux mesurés depuis 10 ans.
A noter aussi de graves pollutions ponctuelles dues à l'apport massif de lisier dans l'Elorn ou ses affluents qui font immédiatement grimper le taux d'ammoniac dans les eaux brutes entrainant parfois la fermeture des usines de production d'eau comme cela est arrivé en décembre 2000, janvier 2001 ou mai 2001. Ces pollutions qualifiées pudiquement d'accidents peuvent en fait révéler des actes que nous considérons de délinquance écologique.

Question pesticides : les pics de pollution sont toujours présents avec par exemple des mesures d'atrazine près de 6 fois supérieures au seuil réglementaire à Pont ar Bled

L'atrazine que l'on vient d'interdire est en effet l'une des plus répandues et connues. Ainsi dans le bassin versant de la rade de Brest environ 120 tonnes sont utilisées par an par les agriculteurs et 16 tonnes pour un usage non agricole.

Les écologistes ne peuvent qu'approuver l'interdiction récente de l'atrazine, de la famille des triazines pour lesquels plusieurs recherches médicales ont démontré des liens très suspects entre une exposition massive ou prolongée à de faibles doses avec l'apparition du cancer des ovaires chez la femme.
Mais il est choquant, que pour des sombres raisons de marché on n'applique pas cette interdiction dès aujourd'hui et que les stocks importants actuels puissent être vendus jusqu'au 30 septembre 2002 et l'interdiction réellement effective le 30 juin 2003.
Combien de centaines de tonnes de ce poison seront ils épandus sur les terres bretonnes d'ici là?

Par ailleurs on ne mesure pas encore bien le degré de dangerosité pour l'environnement et la santé humaine des molécules qui remplaceront l'atrazine.

On sait déjà que le dinoterbe et l'alachlore, produits de substitution de l'atrazine figurant parmi les molécules testées à la faculté de médecine de Brest par les chercheurs du laboratoire de pharmaco-toxicologie 2 herbicides se sont révélés toxiques pour le modèle d'étude (des cellules souches sanguines issues du sang de cordon ombilical).

Rajoutons que beaucoup de substances ne sont pas mesurées et contrôlées, seules 25 sur 147 utilisés sur le bassin versant de la rade de Brest sont suivies. Par ailleurs, on connaît mal les interactions entre toutes ces molécules et les effets des produits de dégradation.

On sait aussi que les normes d'utilisation des produits phytosanitaires sont peu respectées (distance minimale des cours d'eau, etc...). En 2000, le taux d'infraction dans le département atteignait 34%.