Les élu-e-s Vert-e-s - Interventions au Conseil de CUB

Déclaration
Brest, le 11 novembre 1999

Monsieur le Président

 

Pour avoir une idée plus précise encore de ce que le consommateur paye réellement pour sa consommation d'eau, il importe d'ajouter que la méfiance des consommateurs est telle que chaque foyer breton dépense en moyenne 3000F par an en bouteilles d'eau, les communes de la Communauté urbaine n'échappent pas à cette situation.
Une méfiance légitime car le constat est clair :
La qualité des eaux brutes continue à se dégrader.
Selon le bilan annuel de la Direction régionale de l'Environnement, la moyenne annuelle de pollution par les nitrates des cours d'eaux bretons atteint en 1998 avec 40 mg pour un seuil jamais encore observé.
Les eaux de l'Elorn, ressource de l'usine de Pont ar Bled ont approché à plusieurs reprises de très près les valeurs proches de 50 mg/litre, malgré les dilutions effectuées. L'usine de Kerléguer a été contrainte à la fermeture plusieurs jours en raison de taux supérieures à 50 mg.
Le flux annuel de nitrates à Pont ar Bled était en 1998 de plus de 6 500 tonnes soit l'équivalent du flux de 1991 et plus d'un tiers qu'en 1997.
La vraie reconquête de la qualité de l'eau passera avant tout, et tout le monde désormais s'accorde à le dire (même dans le milieu agricole) par une maîtrise réelle de la production animale.
Une maîtrise qui commence par une sévérité accrue vis à vis des tricheurs qui ne respectent pas les seuls fixés, de ce point de vue les résultats des contrôles des services vétérinaires de la Préfecture du Finistère le 1er semestre 1999, sont révélateurs de pratiques irresponsables qui perdurent.
113 élevages ont été contrôlés.
65 élevages (58%) dont 3 hors Z.E.S. dépassent de façon significative (traduire de façon importante!) les effectifs autorisés , 70% de ces élevages dépassent de plus de 20% le nombre de truies autorisées
Sur l’ensemble des élevages contrôlés les comptages révèlent :

- 8 888 reproducteurs de plus par rapport aux 11 411 autorisés soit 76% d’animaux surnuméraires

26 exploitants (sur 113 ) seulement respectent leur arrêté d’autorisation.

Par rapport aux déclarations préalables de 1994 les comptages révèlent :

- 2768 reproducteurs en plus par rapport aux 10 644 déclarés en 1994 soit 26% d’animaux surnuméraires

Les inspecteurs vétérinaires ont aussi constaté que les plans d’implantations et d’aménagement des bâtiments présentés dans les dossiers n'étaient pas respectés, en particulier, les dispositifs de stockage de lisier ou de compostage motif invoqué : l’attente d’intervention financière des pouvoirs publics.

La reconquête passera aussi, et là tout le monde en convient, par le respect des périmètres de protection
Et pourtant... avant l'été, les services préfectoraux annonçaient que 60 captages souterrains et 39 prises avaient été fermés dans le département. Le préfet du Finistère déclarait de son côté que "les nitrates gagnent tellement de terrain, qu'en 2005, si l'on en fait rien, plus de la moitié des prises d'eau du département ne seront plus utilisables pour la consommation humaine".
De ce point de vue on comprend mal, pourquoi les services de l'état n'accélèrent pas la procédure d'instauration des périmètres de protection en amont des 3 prises d'eau Pont ar Bled, Kerléguer, et Moulin Blanc. Aucune enquête publique n'a encore été lancée, 6 ans après le début de la démarche initiée par la Communauté Urbaine de Brest.
On comprend mal aussi que la moitié des 111 éleveurs du département ait obtenu l'autorisation du préfet d'augmenter le nombre de porcs par le biais d'une régularisation d'effectifs entre le 11 novembre 1998 et le 9 septembre 1999.
Les avis négatifs des particuliers, de responsables d'associations d'environnement ou même ceux de plus en plus nombreux de conseils municipaux ne sont en effet que très peu suivis d'effets.
Mais la pollution des eaux distribués dans la Communauté Urbaine n'est pas seulement d'origine agricole :
1/3 des branchements d'eau situés (15 000) branchements sur le territoire de la ville de Brest sont en plomb, ce qui fait que Brest se situe parmi les viles françaises dont l'eau du robinet contient le plus de plomb. La DASS du finistère préconise aux abonnés de la Communauté urbaine de Brest (principalement à destination des femmes enceintes et aux enfants de moins de 6 ans) desservis par un branchement en plomb (encore faut-il le savoir) de laisser couler l'eau avant consommation. Sur un plan sanitaire, une accélération du processus de remplacement des conduites en plomb nous apparaîtrait tout à fait justifié. .
Les services de la DASS relèvent aussi que de "nombreux usagers reçoivent toujours une eau dont la qualité ne répond pas aux normes réglementaires du fait de la présence de particules résultant de la dégradations des conduites en fonte non protégée" . Phénomène d'eau rouge constatée par de nombreux abonnés. Les purges effectuées ne sont qu'un pis aller, le remplacement de ces conduites en fonte s'avère lui aussi comme une nécessité.
Enfin, les inondations à répétition lors d'orages dans le secteur de Kérinou occasionnant des dégâts provoquent des réactions de colère légitimes des riverains. Elles suscitent des interrogations légitimes sur la fonctionnalité des aménagements de collecte des eaux de pluie réalisés dans le secteur.