Les élu-e-s Vert-e-s - interventions au conseil municipal de Brest

 

 

Séance du 31 janvier 2003

Intervention de Marif Loussouarn, élue verte, sur les dégazages en mer

 

Monsieur le Maire,

Avant qu’Alain Masson ne commence, j’aurais souhaité au nom du groupe des Elus Verts faire une déclaration. Les Verts vont se rendre, cet après-midi, à la Sous-Préfecture et je crois qu’un certain nombre de militants d’associations s’y rendront avec eux. fls ont prévu de passer cet après-midi au Conseil. J’aurais souhaité pouvoir intervenir pour saluer leur présence tout d’abord. Le sujet de l’intervention porte évidemment sur ce qui se passe aujourd’hui sur les côtes Nord de notre département.

Aujourd’hui les côtes du département, de Brignogan jusqu’à Saint-Pabu, sont recouvertes de très nombreuses galettes de pétrole, signe d’importants dégazages effectués àl’évidence dans le rail d’Ouessant. Les oiseaux de mer sont encore une fois les grandes victimes de ces pratiques scandaleuses. Les protecteurs de l’environnement ramassent en ce moment dix fois plus d’oiseaux mazoutés que d’habitude. D’autres espèces du monde animal sont aussi touchées et on nous a signalé des cas de phoques mazoutés. La pollution n’est pas uniquement maritime, les éléments pollués les plus légers sont rapidement emportés par le vent qui a été violent, notamment hier, sur les dunes et à l’intérieur des terres.

Des commandants de navires n’hésitent pas, ils purgent et nettoient sans scrupules leurs cuves, profitant à la fois des deux foyers de pollution, ceux du Prestige et du Tricolore, profitant aussi du mauvais temps. Les purges, les nettoiements, les pollutions continuent d’arriver sur nos côtes.

Il faut savoir que si les marées noires type Prestige sont des drames, il ne faut pas hésiter à les comparer à ce qui est déversé jour après jour dans les mers. Une étude de l’OMI estime en effet que chaque année ce sont deux millions de tonnes de pétrole brut ou de produits dérivés qui sont ainsi déversés. Un rapport parlementaire, rendu public en juillet 2000, chiffie à 600 000 tonnes les hydrocarbures rejetés en mer sur les côtes de la seule Méditerranée, soit l’équivalent d’un Erika par semaine. Un autre rapport de l’Assemblée Nationale évalue à 150 le nombre de rejets volontaires par an sur nos côtes.

Pour les Verts du Pays de Brest le dégazage en mer est un acte grave de délinquance
maritime. L’Etat a des responsabilités pour protéger nos côtes de cette insécurité qui n’a que trop duré. Depuis combien de temps le dit-on?

Cette situation révoltante est le résultat d’un manque de contrôle condamnable. Mais elle est due aussi à un manque de moyens mis à disposition des navires dans les ports, à un coût soit-disant trop élevé de ces moyens, à une négligence des autorités portuaires qui ne se sentent pas concernées.

Les Verts demandent que soit assurés dans les ports la réception à faible prix des résidus d’hydrocarbures de propulsion pour tous les navires, la réception systématique des résidus de nettoyage des cuves pour les navires citernes, le contrôle systématique des mdications portées sur les registres des hydrocarbures pour vérifier s’il n’y a pas eu dégazage en mer et la mise en cause pénale, par modification de la loi de 1983, des autorités portuaires qui auraient contribué par leur négligence à une pollution de la mer. Les amendes belges et hollandaises sont beaucoup plus dissuasives, incitant ainsi les navires à dégazer dans les eaux françaises. Il convient donc de renforcer les sanctions et de réagir à de telles pratiques.

Plusieurs militants d’associations d’environnement sont là aujourd’hui, avant d’aller à la Sous-Préfecture interpeller les autorités, car beaucoup de choses sont entre leurs mains aujourd’hui. Je crois qu’ils sont dans le public.

Je ne sais pas si le matériel ramassé sur les plages est là. Il sera devant la Sous-Préfecture tout à l’heure. Je crois qu’on ne peut que regretter ce qui se passe aujourd’hui et plus fortement demander à ce que les peines encourues soient de plus en plus fortes. Je pensais qu’ils étaient là avec le matériel récolté, mais je ne crois pas... ils n’ont donc pas souhaité l’amener. C’est peut-être mieux, je l’ai vu et je pense que c’était vraiment trop fortement "interpellant".

Je vous remercie, Monsieur le Maire.